Mérens en Ariège …
ou comment découvrir le cheval de Mérens et la transhumance.
Tout a commencé en Mai 2009, lorsque nous avons découvert grâce à nos amis Christine et Daniel, le Haras Picard du Sant perdu dans un petit village de l’Ariège..Lassèrre…
Le Haras Picard du Sant c’est tout d’abord Christine et Jean-Louis, sachant manier le cheval et les « touristes » de passage que nous sommes, tout cela de main de maître mais avec une gentillesse que l’on n’est pas près d’oublier.
Après 3 jours d’immersion dans ce monde du petit cheval noir, une seule envie nous poursuit…revenir dès que possible pour d’autres émotions.
Alors pourquoi pas pour cette transhumance dont nous avons tant entendu parler.
La décision est prise nous reviendrons en Octobre pour ramener le troupeau de l’estive au haras.
C’est comme cela que le 07/10 je prends la route pour Lassèrre… Martine me rejoindra le 14 pour la 2ème partie.
Première partie Vallée d’Orles/Massat étang de Lhers
Le Jeudi 08/10,
se sont les préparatifs, (chargement de l’intendance) puis l’essai des chevaux pour les cavaliers venus d’horizon divers. Mélanie du Berry, Solène des Landes et Perrine de Bretagne
Jean-Louis a besoin de tester nos connaissances et notre tenue à cheval car sur cette 1ère transhumance, le terrain est parfois difficile et ne permets pas la médiocrité.
Le soir dîner chez l’éleveur, moment de détente très agréable nous permettant de faire mieux connaissance , de découvrir le programme du lendemain (briefing) et recevoir notre « paquetage ».
Il faut ensuite aller dormir car demain est un autre jour et demain commence l’aventure..
Vendredi 09/10
Lever 6h00…..
Petit déjeuner(copieux) derniers chargements du van intendance et de 2 chevaux, puis départ pour l’estive.
Après une heure de route nous sommes à pied d’œuvre…au terminus de la route tout au fond de la vallée d’Orles, endroit magnifique dans ce soleil levant qui fait chatoyer les couleurs d’automne et magnifie les sommets.
Assez de rêve, la réalité est là…il faut monter par le sentier jusqu’à l’estive, environs 45 mn de marche, pour rassembler le troupeau et le redescendre à la base.
Après un bon quart d’heure d’appels , de sifflets(ceux du maître bien sur) nos petits chevaux noirs sont là, comme s’ils avaient devinés que nous venions les chercher. Mais peut-être le savaient-ils ?????
La descente se passe bien, dans l’ordre, sans bousculade, jusqu’à notre « camp de base » ou nous attendent Christine et ses « aides » venus pour nous ravitailler…en effet un casse-croûte sérieux nous est proposé, et il est le bien venu….il nous faut prendre des forces avant de partir pour la première étape qui nous conduira de la vallée d’Orles vers le cirque de Campus …..quelque 20 Km, agrémentés de dénivelés importants, parfois sur un sentier un peu glissant, parfois un peu étroit.
Enfin il faut après la restauration, brosser, seller, harnacher les montures et au « top du maître » mettre en marche ce cortège de 19 chevaux en liberté, encadrés par 7 cavaliers dont 4(et j’en fais partie) ne connaissent pas ce genre de « travail » car c’est bien d’un travail dont on parle…pas d’une « promenade du poney-club » …..
Tout ce petit monde s’organise , Jean-Louis en tête avec un autre cavalier, les autres ferment la marche et ramènent autant que faire se peut les « vagabonds » sur le bon chemin.
D’abord un peu de goudron, ensuite il suffit de traverser le cours d’eau, à gué, pour changer de décor.
Petits sentiers dans les bois, traversée d’un petit hameau , puis montée un peu plus dure, mais nos chevaux sont des merveilles de courage , de volonté, dotés d’un pied sur qui me surprendra à plusieurs reprises.
Le chemin se fait, parfois « facile » parfois plus escarpé, parfois en file indienne sans possibilité de demi-tour…jusqu’au moment où…l’arbre, le gros arbre est là, couché en travers de notre chemin. Aucune possibilité de l’esquiver, pas de retraite arrière possible, pas de passage haut ou bas…alors seule solution, sortir la tronçonneuse et attaquer l’obstacle, ce que fait Jean-Louis aidé par Yves. Quant à nous nous attendons , sagement, que le chemin se dégage.
Après avoir tronçonné en haut, en bas, une bille de 5 mètres au moins(vu de mon cheval) propulsée par Yves dévale la pente , passe devant les chevaux qui envisagent sérieusement de fuir ce danger et de faire demi-tour…calme…calme…tout va bien ….la bille dévale la forêt avec vacarme et s’immobilise en contrebas…la voie est libre ..le troupeau reprends sa marche…descentes difficiles, montées tout aussi difficiles, nous en ferons quelques unes à pied, à coté de nos montures qui, détail remarquable, nous attendent , lorsque à moitié asphyxié par une pente trop raide et glissante, le souffle court, je suis obligé de faire un stop…Ora, ma fidèle me regarde du coin de l’œil, arrête sa progression semblant me dire(non me disant) « quand tu veux, enfin quand tu peux on repart ».
Nous cheminons jusqu’au cirque de Campus, magnifique site protégé que nous découvrons vers 16h00.
Il nous restera à soigner nos montures, délimiter le parc chevaux pour la nuit, monter les tentes(et oui nous dormons sous la tente, un véritable raid) et puis l’intendance va nous rejoindre et autour d’un feu de bois, dans la cabane du berger, nous allons partager un repas délicieux et revivre cette première journée chargée de moments forts, les pupilles remplies de merveilleux paysages et le cœur près de nos compagnons de route.
Il est près de 22 h00 lorsque nous allons rejoindre nos « toiles » et dormir bercés par le bruit des cascades, le déplacement des chevaux autour du camp. La pluie de minuit n’aura pas raison de notre sommeil et ne laissera le matin qu’une rosée et une brume laissant augurer une belle journée.
Jour 1 | les photos du 1er jour |
Samedi 10/10
Après un petit déjeuner digne d’un buffet continental et le rituel du brossage et harnachement, nous sommes près à partir pour la 2ème étape qui va nous conduire de Campus à Serre en passant par le lac de Bethmale et une halte chez Francis le berger d’Esbintz. Pour cette étape, environs 26 km à « avaler » avec au moins 2500 m de dénivelé.
Départ vers 10h00 du cirque de Campus par les pistes puis chemins ou plutôt sentier de forêt au milieu des éboulis.
Un nouvel arbre nous barre le chemin. Il a bien déjà été tronçonné, mais pas suffisamment pour permettre au troupeau de passer. Il nous a donc fallu contourner l’obstacle en passant au-dessus après avoir gravi une pente très raide.
L’obstacle franchi nous poursuivons le chemin, toujours pavé de difficultés plus ou moins compliquées, passons sous le filet barrant un couloir d’avalanche, surplombons le lac de Bethmale et commençons ensuite la montée vers le col de La Corre, altitude 1395 m, ou nous arrivons à 12h00, dans un univers un peu brumeux.
Un camping car est stationné là…l’apéritif est servi…enfin pas le nôtre…nous devons poursuivre le chemin vers notre étape intermédiaire, le domaine du berger Francis à Esbintz.
Dès le départ du col nous nous lançons dans la descente à travers champs de fougères et prairies et poursuivons sur des chemins parfois très glissants jusqu’à Esbintz où nous sommes accueillis par Francis, le maître des lieux.
Les chevaux sont mis au pré pour se « restaurer » et nous faisons de même dans la chaleureuse maison de Francis.
Nous sommes bien, voir même parfaitement bien à tel point que Jean-Louis ne paraît pas trop presser de reprendre le chemin….le repas s’allonge…on parle..on rit…mais il faut bien poursuivre..nous sommes attendus à Serre pour le repas du soir et la nuit.
Nous repartons vers 16h30 et nous dirigeons vers Seix, petit village que nous traversons sans encombre et poursuivons jusqu’à Coumariou notre destination que nous atteindrons sans difficultés particulières.
Jour 2 | les photos du 2ème jour |
Dimanche 11/10
Dernière et la plus longue étape de ce périple montagnard.
C’est en effet environs 28 Km de piste, chemins qui nous attendent pour nous conduire à travers bois et landes vers l’Etang de Lhers après avoir fait plus de 1000 m de dénivelé positif.
Lever vers 07h00 après une nuit dans un chalet dortoir(nuit tranquille…aucun cavalier ne ronfle la nuit…c’est de notoriété publique…)
Petit déjeuner toujours aussi agréable, puis après le briefing, brossage…etc..jusqu’à la photo avant le départ.
Nous partons en montée, montée qui ne nous lâchera pas pendant de longs km à travers bois, sur des pistes, GR , routes en traversant des sites magnifiques comme les Granges de Cominac, des chemins dans les fougères, croisant des troupeaux de vaches, de chevaux de Castillon.
Cette étape, la dernière de nos 3 jours sera la 1ère étape dans l’autre sens lors de la 2ème transhumance.
La montée s’achève enfin et nous arrivons au col de Dret où se trouvent encore des Orrys (cabanes, abris de berger en pierre) Une vue magnifique sur la chaine des Pyrénées s’offre à nous.
Puis commence la descente vers l’étang….
Les chevaux, les plus vieux connaissent la région et le chemin et dès que nous repartons du col, ils commencent à se « se motiver »pour dévaler les prairies au grand galop.
Impressionnant de voir ce troupeau se mettre en action et accélérer progressivement jusqu’au galop libérateur.
Puis la clôture arrête tout le monde avant de débuter la descente très « raide » du petit sentier qui nous conduit à notre but.
L’étang est là, tout près de nous (à vol d’oiseau), encore quelques petits Km et nous serons arrivés….enfin presque, puisque là, après avoir desseller nos chevaux nous les emmènerons, à pied cette fois vers l’estive de Bispous où ils passerons 4 jours avec le reste du troupeau avant de rentrer à la « maison ».
Encore un petit effort pour « grimper » à Bispou, mais là aussi le paysage en vaut la peine.
Ils retrouvent leurs « copains » qui ont estivés ici et vont « papoter » en attendant notre retour.
Jour 3 | les photos du 3ème jour |
Un moment d’émotion en les laissant, un moment ou l’on se dit que cette fois ci encore tout le monde est rentré, enfin presque car il y a encore 3 jours pour arriver à la maison.
Nous rentrons à Laserre…
Dans nos têtes, dans nos cœurs des souvenirs, des images, de l’émotion.
Avoir partagé 3 jours durant la vie de l’éleveur, avoir côtoyé 3 jours durant les chevaux de Mérens, petits chevaux noirs fascinants, robustes, courageux, respectueux de l’homme( cela ils le doivent aussi à leur éducation au haras) tout cela ne peut laisser indifférent.
Avoir passé 3 jours avec d’autres passionnés de chevaux, amoureux de la nature, cela aussi ne laisse pas indifférent.
La transhumance..une expérience inoubliable, hors de la vie trépidante de nos villes….un grand moment à vivre, à partager…à revivre sans aucun doute.
Merci à Christine et à Jean-Louis pour leur accueil et leur disponibilité.
Merci à tous ceux qui gravitent autour en soutien de cavalerie , Yves et juan, et à tous ceux qui sont là pour aider au bon fonctionnement de l’intendance.
Merci aux Princes noirs de l’Ariège sans qui rien de tout cela n’existerais pas.