Nous arrivons jeudi 05 à LASSERRE,
Petit village égaré en haut des monts Ariégeois. Quelle belle surprise pour nous qui découvrons les Pyrénées pour la première fois. Nous sommes accueillis au Haras par Jean-louis et Christine qui nous installent pour cette première nuit. Malgré un plafond bas, nous pouvons apprécier le magnifique paysage qui s’offre à nous depuis notre chambre dans un chalet aux prestations irréprochables.
Vers 15 heures, nous voilà tous réunis pour prendre contact avec nos montures. Je reste un peu septique en voyant la taille de PACHA sachant qu’il devra porter un quintal de viande (moi) et matériel. Finalement, ce petit cheval s’est montré très vif et courageux lors de notre petite ballade d’essai. Sabine, pour sa part s’est tout de suite bien entendue avec QUARTZ.
S’en est suivi ensuite une petite visite aux poulains de l’année, tous plus mignons les uns que les autres. Une surprise nous attendait en la présence d’un superbe étalon pour la saillie en liberté. Nous avons d’ailleurs eu droit à une petite démonstration dans toute sa magnificence.
La journée s’est terminée par un briefing pour le lendemain, autour d’un bon repas.
Vendredi, lever aux aurores, préparation des sacs et matériels d’intendance, chargement en camion des chevaux de monte et c’est parti pour la première estive où nous attendent les chevaux à transhumer près de l’étang de LERS.
Sous une ambiance brumeuse et humide (du sol au plafond) nous rassemblons le troupeau et séparons avec quelques difficultés les poulains de 1 an qui doivent rester sur place. Puis nous redescendons près de l’étang pour nous préparer au départ après un casse-croûte avec les produits locaux.
Ca y est, on y va pour de bon. Et ça commence fort. Après 500m à cheval, on doit déjà descendre pour s’engager sur 300 m de grimpette sur un sentier montant directement dans la pente. Et pour qu’on ne soit pas déçu du voyage, Jean-louis a prévu l’eau qui rend le sol extrêmement glissant.
Pas le temps de reprendre son souffle, le troupeau décide de partir en sens inverse et les voilà au galop à l’opposée. Nous devions, Sabine et moi, les canaliser pour qu’ils prennent le bon chemin. Au vu du résultat, petite soufflante du chef aux apprentis « transhumeurs ». « contournez-les, contournez-les » qu’il dit. Vouai ! mais t’as vu le terrain, que des trous, des bosses, des cailloux, de la pente et ça glisse …. et les vaches en prime. Mais bon, faut bien y aller, alors on lâche tout pour rattraper le troupeau déjà loin. Ces petits Merens, c’est un régal sur ce type de terrain. Un pied plus que sûr qui nous permet alors de galoper comme sur du gazon, ils ne trébuchent à aucun moment, ce qui nous permet de récupérer les chevaux et de les ramener sur le bon chemin. OUF ! Le chef à l’air satisfait. Pour la suite, c’est un peu plus tranquille avec un plateau herbeux, la traversée d’une forêt de hêtres et la descente sur OUST (étape du soir) pendant laquelle nous pouvons apprécier les qualités de skieurs sur boue de nos chevaux. Ah, j’oubliais une nouvelle tentative d’évasion du troupeau par deux fois dans un champ de foin mais repris avec de plus en plus d’assurance et beaucoup de plaisir par les « tranhumeurs » en herbe.
Une bonne nuit réparatrice plus tard (en tout cas pour moi car il paraît que je ronfle …) dans un petit chalet dortoir, nous voilà repartis pour notre deuxième jour. Pour soulager PACHA, je repart avec LATHOU direction ESBINTS pour la pause de midi avec un passage par SEIX où notre passage fait sensation.
Après un petit repas léger (cassoulet pour nous réchauffer) auprès d’une maison de berger qui fait refuge, direction le col de la Cors, 500 m de dénivelé sur 6 km de montée. Dur-dur après le cassoulet. En plus, une bonne partie doit être faite à pieds, nous a dit Jean-louis. En réalité, le terrain était plus sec que prévu donc tout a pu être fait à cheval. Malgré cela, quelques cavaliers ont décidé de descendre pour soulager leur monture.
Une petite pose en haut du col, on repart assez vite car il ne fait pas très chaud. Un petit chemin très agréable nous fait redescendre dans la vallée. On peut distinguer à travers les arbres l‘étang de Bethmale. Et qui aurait pu croire que notre guide allait se tromper !!! Et bien oui !!! une petite rallonge sur piste nous ramène finalement sur le bon chemin pour arriver au cirque de Campuls, étape magistrale de cette transhumance avec une succession de cascades aux eaux « Insolente » ( ce sont les mots du berger) passant au milieu d’une étendue verte au milieu de laquelle nous lâchons nos chevaux pour la nuit. André (le berger) vient d’arriver avec ses brebis et vient nous rendre une petite visite au bivouac avant d’aller faire le ménage dans sa cabane qu’il va occuper pendant les 6 prochains mois. Et c’est autour d’un bon feu que se termine la journée avec André qui nous pousse la chansonnette (enfin, il essaye).
La nuit a été un peu agitée, il a plu toute la nuit. Mais on était au sec sous la tente. Au réveil, pas de soucis, la pluie s’est arrêtée et quelques éclaircies apparaissent pour nous faire découvrir qu’au dessus de nous, les sommets ont-été saupoudrés de neige.
Les chevaux doivent aussi être assez éprouvés car nous les découvrons pratiquement tous couchés dans l’herbe. Quand on s’approche pour les prendre au licol, leur sauvagerie (ils sont en liberté) nous surprend… Ils se mettent presque à ronfler et s’allonge de plus belle comme pour nous dire « laissez-nous tranquille, on est bien ici ».
Bon, c’est pas tout ça, mais l’estive est encore à 5 heures de cheval, alors il faut y aller. Comme LATHOU avait un peu mal aux pieds, je change pour LARNAT mais rapidement je m’aperçoit qu’elle a aussi très mal au pied alors j’ai droit à PRUNE qui (je l’apprendrais plus tard par Christine) n’a pas été montée depuis le mois d’octobre. Les débuts sont un petit peu difficile car elle a peur des sacoches et elle a oublié la monte en licol et par la même occasion, elle m’a un petit peu testé. Après quelques explications entre elles et moi tout s’est ensuite bien passé Sabine, elle, échange QUARTZ pour PACHA afin de pouvoir monter en licol.
Nous voilà reparti par un petit chemin agréable qui devient rapidement pas si évident que ça à emprunter. Slalom entre les arbres, glissades dans la boue, descentes en rappel avec des harnais spécial chevaux* (j’avais jamais vu mais c’est impressionnant), traversée de torrents impétueux à gués et ouvertures / fermetures de clôtures (le plus terrible) pour rejoindre enfin un vrai chemin dans la forêt après ce hors piste éprouvant. Et bien, pas si tranquille que ça le chemin. Très étroit, boueux, glissant et encombré d’arbres. Donc de temps en temps, il fallait patienter en file indienne le temps que Jean-Louis (qui était parti avec la tronçonneuse dans le dos) déblaye la route. La transhumance se termine tranquillement par un peu de route. A l’arrivée, Jean-Louis déferre les chevaux qui restent en montagne, et nous voilà parti à cru pour quelques kilomètres sur un petit chemin pour laisser enfin cette belle troupe dans l’estive Ils repartiront eux quelques jours plus tard pour rejoindre d’autres espaces, plus en altitude.
Nous, de notre coté, nous nous restaurons un petit peu car nous n’avons pas fait de pause pour cette journée et regagnons ensuite LASSERRE en véhicule pour s’apprêter à reprendre notre laborieux quotidiens après ces instants magiques.
Après un dernier coucou aux poulains qui viennent de naître, un bon repas clôturera cette petite épopée unique qu’on ne manquera pas de refaire.
Nous remercions toute l’équipe pour leur accueil, leur gentillesse et leur disponibilité qui nous a permis de vivre ces moments dans de bonnes conditions malgré le temps maussade, Yves, Chantal, Laurence, Jean-Claude et surtout Christine et Jean-louis.
Et merci à PACHA, LATHOU, QUARTZ, LARNAT et PRUNE de nous avoir porté et supporté pendant des trois jours.
Bravo à tous les participants à cette transhumance d’avoir tenu le coup jusqu’au bout.
Sabine et olivier