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Publié : 14 mars 2013

Agence France Presse EMMY VARLEY sur les MERENS et la transhumances

LE PORT, 28 juin 2012 (AFP) - Chaque été, vaches et brebis montent par milliers dans les estives des Pyrénées : la transhumance est considérée comme une vitrine de leur métier par certains éleveurs qui convient des touristes du monde entier, d’autres pestent contre les nuisances occasionnées par le public.
Poussés par le manque de terres, les éleveurs font monter depuis la nuit des temps leurs bêtes dans ces pâturages de montagne où l’herbe est réputée excellente, libérant leur exploitation pour faire du foin.
"Dans les Pyrénées, on a surtout une transhumance de proximité, les bêtes partent du fond des vallées" à la différence des Alpes où les animaux parcourent de très grandes distances, explique Thierry Marfaing de la Fédération pastorale de l’Ariège.
Mais si après la Seconde guerre mondiale, le transport en bétaillère s’est fortement développé, certains éleveurs choisissent de revenir à la transhumance à pied.
Dans l’estive du Bestou, au dessus de l’étang ariégeois de Lers, Jean-Louis Savignol, éleveur de mérens, cheval rustique des Pyrénées, trie les animaux qui resteront sur place pendant cinq mois et ceux qui passeront l’été dans une autre estive.
Des touristes l’accompagnent car il a décidé de tirer le meilleur parti de la transhumance en organisant des escapades à leur intention. Ils viennent de France mais aussi du Japon, de Nouvelle-Zélande, du Canada ou d’Afrique du Sud, dit-il, expliquant que son activité d’élevage pure est déficitaire. "La transhumance c’est notre vitrine, on montre le beau côté des Pyrénées".
François Martres, éleveur à Betchat (Ariège), parcourt chaque année 50 km en trois jours avec ses 350 brebis pour rejoindre son estive. C’est l’occasion de "faire connaître notre métier d’éleveur en milieu difficile. Et ça fait des retombées pour le pays".

Adeline Bordelet, coordonnatrice des services pastoraux à travers les Pyrénées, constate que le pastoralisme s’est "diversifié en direction du tourisme". "On a des visites et des fêtes d’estives dans certains départements, des coffrets week-end en montagne".
Patrick Caperaa, de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées, note que les fêtes pour lesquelles "il y a un véritable engouement" ont changé de sens. "Les gens y trouvent un transfert de culture, des moments ludiques, mais historiquement, les anciens faisaient ces fêtes car le départ des bêtes en montagne étaient un soulagement. Ca délestait l’exploitation".
Nombre d’éleveurs ne veulent cependant pas s’embarrasser de contraintes supplémentaires en s’occupant du public.
Francis Chevillon, éleveur retraité près de Seix (Ariège), critique des fêtes qui prennent parfois des libertés avec les coutumes authentiques. Il organisait des fêtes mais ne le fait plus. "La dernière année, j’avais 300 touristes sur les talons. Je suis responsable de 800 brebis, je fais comment ?", demande-t-il, expliquant s’être fâché avec certains touristes et avoir perdu des brebis qu’il a mis trois jours à retrouver.
Certains profitent des projecteurs de la transhumance pour évoquer leurs difficultés. Cette année, les éleveurs de la vallée ariégeoise du Biros ont annulé la fête, découragés par les restrictions d’accès dues à la présence d’un couple de gypaètes barbus, espèce protégée de vautours, à quoi se sont ajoutées, disent-ils, des attaques d’ours.
En attendant, la transhumance permet d’entretenir des espaces "à haute qualité environnementale" qui sans cela se fermeraient et seraient inaccessibles, notent les professionnels, qui aimeraient voir ce rôle davantage reconnu. Certains rêvent aussi d’un label montagne qui "valoriserait (leurs) produits et compétences".
ev/ap/all

Voir en ligne : Transhumance et Pastoralisme en Ariège