Ma transhumance à pied…
Départ de Thionville (Moselle) le mercredi 8 à 19h30, direction Paris par TGV et train de nuit pour Toulouse. Le lendemain matin je découvre assis dans le TER qui me conduit à Boussens, la chaîne enneigée des Pyrénées qui s’incruste dans un impeccable ciel bleu. Je comprends déjà à la vue de ce spectacle que le programme de ces quatre jours va être intense. Il me faudra patienter encore deux heures pour monter dans le bus qui m’amènera à St Girons. Il est 12h45 et je ne résiste pas à l’envie de me faire plaisir en me rendant chez Gilles Simonet pour une collation en tête à tête avec la fontaine à chocolat…
Arrivée en taxi à Lasserre vers 14h30 où je découvre notre groupe. Les cavaliers préparent leur monture pour le départ du lendemain.
Nous partons ensuite pour une balade en sous-bois d’une heure pour permettre l’essai des chevaux et des harnachements. Le soir dîner chez Christine et Jean-Louis avec les membres du groupe et les accompagnants. Ce moment de partage nous permet de faire connaissance et me permet de m’intégrer dans un environnement que je découvre, le monde du cheval. Mes craintes liées à cet univers inconnu sont naturellement dissipées car nous sommes tout d’abord dans le pays des Mérens…
Le vendredi matin après le chargement des chevaux de monte dans le camion nous partons en voiture pour l’estive, direction le col d’Agnès au dessus de Massat. Je fais alors la connaissance de Mitch qui m’embarque dans sa 405 break 4x4 préparé par Dangel ; je viens déjà de découvrir un personnage passionnant et de réaliser un de mes vieux rêves (la peugeot 4x4). Pendant la durée du trajet nous abordons de nombreux sujets et Aline nous fait partager sa passion de la gastronomie du sud ouest.
Après un encas pris à l’étang de Lers,
nous partons avec Jean-Louis à la recherche des chevaux afin d’organiser le rassemblement du troupeau. Cette opération qui nécessite normalement 2 heures nous occupe pendant plus de 3 heures car certains chevaux HPS ont sympathisé avec d’autres troupeaux. Après un moment d’inquiétude car il nous manquait toujours 15 chevaux vers 11 heures et demi, nous continuons le ratissage de l’estive et nous redescendons enfin avec le troupeau presque au complet
vers le lieu de pique nique vers 13h15, histoire de prendre des forces avant d’attaquer le copieux programme de l’après midi.
Après avoir reçu les consignes de Jean-Louis et Mitch sur le chemin à emprunter pour accéder à la montée du col de Dret, nous partons pour notre périple avec mes trois complices marcheurs.
Je dois reconnaître que j’engage une conversation passionnante avec Chantal qui vient de visionner le DVD du premier film de Sean Penn en tant que réalisateur « into the wild » et du coup nous passons devant le panneau indiquant le col de Dret et nous nous engageons sur un chemin balisé (rond orange) en nous étonnant de ne pas retrouver la configuration décrite par Jean-Louis et Mitch. Malgré nos inquiétudes nous sommes rassurés d’entendre l’écho des cloches du troupeau ce qui nous conforte de poursuivre sur ce chemin. Avant d’atteindre le plateau Aline contacte Jean-Louis sur son portable pour obtenir confirmation que nous sommes toujours dans la bonne direction. Nous percevons alors l’agacement de Jean-Louis en raison du non respect des consignes (mea culpa) et du fait que nous sommes en retard sur le planning car il nous reste encore à cet instant plus de 4 heures et demi de marche aux rythmes du troupeau (7km/h).
En effet en arrivant sur le plateau vers 15h nous sommes soulagés de découvrir le spectacle du troupeau qui arrive sur notre gauche à vive allure, et nous comprenons immédiatement que nous allons devoir nous positionner devant les chevaux et assurer un rythme soutenu en direction de notre gîte d’étape à Coumariou.
Avant d’arriver aux granges de Cominac nous faisons une pause pour nous compter et nous sommes surpris de voir arriver une monture sans sa cavalière et Christian arborant un pantalon imbibé de boue.
Nous obtiendrons les réponses à nos légitimes interrogations à notre arrivée au coral où nous parquerons les bêtes pour la nuit. Il est passé 19h30 et nous arrivons « tous ensemble » avant la tombée de la nuit (l’apéritif était pourtant prévu à 18h ??) à notre aire de repos.
Après s’être occupé des « quatre pattes ferrés » nous allons enfin pouvoir nous refaire une santé avec quelques bonnes pressions… C’est à ce moment qu’une « belle blonde » ne me résiste pas et tombe dans mes bras et dans les pommes (bio of course) !! Jean-Louis intervient alors pour faire revenir Esther à elle. Cet incident nous donne l’occasion de faire la rencontre de Hakim (médecin du SMUR de St Girons) qui tombe sous son charme.
« Le charme d’Adam étant d’être à poils », moyen mnémotechnique pour reconnaître la feuille du charme (avec des dents) et de l’hêtre (avec des poils) je n’ai pourtant pas eu le loisir de mettre en pratique ce type d’observation lors de notre marche en sous bois car nous devions adapter notre rythme à celui du troupeau.
Tout se termine bien autour d’une bonne table, nous nous restaurons comme il se doit avec des plats locaux réalisés par Christine et ses complices, chargés de toute l’intendance. Cette journée riche en émotions se termine par la dégustation d’une subtile prune de derrière les fagots.
Après avoir fait le plein de paysages somptueux, de couleurs et de senteurs « d’été indien », de riches moments d’échanges, je m’endors paisiblement bercé par les cloches des chevaux et isolé dans le chalet dédié aux ronfleurs ; je suis en effet le seul à avoir fait mon « coming-out de ronfleur »…
Le samedi matin nous partons sous un ciel bleu en surplombant la vallée encore cachée sous la brume matinale.
Nous empruntons ensuite des routes et traversons des villages où les cavaliers vont encadrer le troupeau et anticiper les débordements. Nous allons tous ensemble, devoir faire preuve de « team spirit » afin d’assurer la sécurité de notre convoi. Pour réaliser cet exercice nous sommes assisté par deux véhicules qui en permanence ouvrent et ferment la marche du troupeau.
Après deux heures nous arrivons au bord du Salat où nous allons profiter d’une pause café et du spectacle des Mérens « les pieds dans l’eau ». C’est également l’occasion pour les photographes de se faire plaisir.
La colonne de « princes noirs »
empreinte ensuite la route des tunnels (ancienne voie ferrée transformée en route) en direction de St Girons et j’ai l’honneur de prendre en main la longe de Sabir. J’apprendrai le lendemain l’histoire de ce prince, le dominant du troupeau et éducateur des plus jeunes. Pendant la traversée des tunnels j’observe la complicité et la communication permanente entre Jean-Louis et le troupeau. Je dois quant à moi être vigilant pour ne pas me faire déborder, notamment par Sam qui semble très intéressé par l’exploration de mon sac à dos…
Vers 13h30 nous arrivons au Domaine de Beauregard (château***) où nous procédons au parcage du troupeau.
Une fois les chevaux de monte nourris nous passons à notre tour à table sous le chapiteau installé à côté du château. C’est à ce moment que je fais la connaissance de Paul (le propriétaire des lieux) et que je cède à la tentation d’un massage de 50 minutes (extra budget of course). A 16h je découvre alors le plaisir de se laisser aller à un autre beau voyage entre des mains expertes. Cette expérience est doublement appréciée après deux journées de marche à un rythme sportif car je la conclu par vingt minutes dans le magnifique Spa installé dans les anciennes écuries du château où je prend le temps de me faire sécher devant la cheminée…
Le soir nous nous retrouvons tous devant une grande table où nous profitons de l’ambiance et des spécialités de l’auberge d’Antan. Nous apprécions alors un repas bien mérité, au coin du feu et de l’énorme cheminée, préparé par le maître des lieux. Nous abordons avec mes voisons de table des sujets vastes et variés et notamment des thèmes passionnants liés à l’éthologie et la communication homme – animal.
Le dimanche matin nous traversons la ville de St Girons
encore endormie en arborant nos t-shirts collector HPS et nous contournons le centre historique de St Lizier, ville médiévale Patrimoine de l’UNESCO,
en raison du marché bio que nous aurons le loisir de visiter en fin d’après midi. Aspect positif de ce dispositif : Jean-Louis n’aura pas besoin de dédommager le maire en raison de la destruction de la pompe de la fontaine et d’espèces protégées (les poissons rouges…) par ses chevaux « sauvages ». Nous parcourons ensuite 13kms de pistes et chemins, dont 8 km de voie romaine, et nous apercevons à la sortie d’une courbe, la camionnette de la maman de Jean-Louis qui termine de vérifier si le chemin est toujours correctement balisé jusqu’à notre arrivée sur le nouvel espace clos où les chevaux seront parqués.
Nous percevons, à notre arrivée sur Lasserre son soulagement de revoir ses Mérens et son inquiétude de savoir s’il en manque à l’appel…
Après avoir pris soins des quatre pattes, nous embarquons ensuite à bord d’un van qui nous ramène au gîte. Sur ce trajet qui marque la fin de notre périple, nous croisons la maman de Jean-Louis un marteau à la main… Avec l’aide de Jean-Claude elle saura trouver les mots pour faire repartir son cheval de feu (Citroën).
Nous allons tous nous retrouver devant la table extérieure du gîte pour prendre le temps de savourer tous ces moments privilégiés partagés, déguster un succulent magret, et écouter la fameuse histoire de Sabir raconté par Christine. A ce moment, je ne peux m’empêcher de penser que ma participation à cette expérience n’est pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement d’une longue quête et une belle récompense pour mes quatre dernières années consacrées à la défense de la cause animale et au respect de la diversité.
Fin du périple
Alors MERCI à Christine et Jean-Louis et à toute l’équipe (Esther, Laurence, Jean-Claude, Yves et sa femme, Pierre, Mitch…) pour le travail remarquable assumé au quotidien afin de nous permettre de profiter pleinement de cette merveilleuse et inoubliable expérience et MERCI à chacun des membres du groupe ’HPS transhumance octobre 2008’ d’avoir apporté et transmis sa bonne humeur et ses expériences tout au long de ce périple.
MERCI également à tous les princes noirs de m’avoir accepté dans leur troupeau avec une mention toute particulière pour Sabir et Sam ; deux chevaux puissants et fiers…